VIII 4. LA KERSANTITE DE TROEOC

Cette lame de kersantite m'a été fournie par Mme Velde, je n'ai donc pas prélevé l'échantillon sur la terrain.

La mode de ce Faciès se caractérise par la présence de Clinopyroxène, phase minérale qui n'existait ni à Kersanton, ni à Rosmellec.

4.1. OLIVINE

Elles sont pseudomorphosées en talc et contrairement aux précédents sites (Kersanton et Rosmellec), elles ne contiennent ni carbonates ni chlorite. Le talc est en partie monocristallin, ce qui a permis de l'analyser avec précision.

Les craquelures de l'ancienne olivine sont soulignées par un minéral opaque, qui s'oxyde en teintant les minéraux environnants avec une couleur jaune ferrique. La spinelle est en très faible quantité.

La répartition des olivines dans la roche n'est pas homogène, en effet on la trouve en agglomérats dans quelques zones de la lame mince. Une de ces zones est représentée en Annexe III, c'est en Fait une olivine automorphe de taille exceptionnelle, altérée, fracturée, et dont les parties ont étés légèrement déplacées.

Il est aisé de reconstituer la forme ancienne et ainsi de déterminer ses dimensions de près de 1 cm de long pour .25 de large.

L'olivine représente ici 12.45 % de la roche.

4.2. SPINELLE

La spinelle est automorphe, octaédrique, dans les olivines. Il est en Faible quantité par rapport aux autres sites de prélèvement.

4.3. CLINOPYROXENES

C'est uniquement dans cette kersantite (Troéoc) que l'on rencontre un ferra-magnésien anhydre.

Trois types de cristaux peuvent être définis par leur taille et leur situation dans la lame: ceux en association avec les olivines sont petits alors que ceux que l'on trouve dans la pâte ont une taille moyenne ou élevée.

Les cristaux de Cpx de taille moyenne sont souvent en section basale, alors que les petits cristaux sont en partie tronqués par le fait qu'ils se développent perpendiculairement à la surface des olivines.

C'est la deuxième phase ferro-magnésienne à cristalliser après l'olivine et avant les phlogopites.

La répartition dans la roche, comme pour les olivines, n'est pas homogène. On les trouve en amas de plusieurs individus de grande taille.

C'est en observant ces sections que j'ai pu mettre en évidence des fantômes d'un minéral primaire, à base octogonale ou hexagonale, jamais conservé dans son état non altéré.

En effet dans certains Cpx, des minéraux à bords nets avec des produits d'altération de texture différente de ceux des Cpx frais, apparaissent. On aurait donc deux générations de pyroxènes, la première primaire correspondrait à des clinopyroxènes contemporains des olivines, puis une seconde génération de pyroxènes, ceux que l'on trouve actuellement frais, les entourant, synchrone de la fin de l'épisode hydrothermal.

Les seconds se seraient développés sur les premiers par épitaxie.

Les CpxI CpxII représentent 4.52 % de la roche, aucune comparaison ne peut-être Faite avec les autres sites puisque c'est uniquement à Troéoc que l'on trouve cette phase.

En se basant sur les différences d'altération entre CpxI et CpxII, il apparaît que les CpxII en grande majorité contiennent du Cpxl, visible lorsque l'on peut voir des sections basales au tout du moins des faces nettes. Sur les schémas, on trouve toutes formes d'associations CPXI/II.

Le produit d'altération des deux générations est du carbonate. Seule la texture diffère: le grain des carbonates dans le CPXI est plus fin.


4.4. PHLOGOPITE

De plus faible taille que dans la kersantite de Kersanton, la roche perd son aspect grenu.

Les phlogopites A et B représentent respectivement 10.07 et 12.79 % de la roche ce qui donne environ 23 % de mica noir pour A2.

Dans le faciès de Kersanton, le phlogopite montrait un cœur sombre avec des bords verts. A Troéoc les micas sont à bordure sombre (enfumée) avec un cœur plus clair.

Deux types de zonation colorée sont visibles. Du cœur vers la périphérie on trouve :

Cœur Bords
Brun clair --- >  Brun Foncé
Brun rouge foncé  --- > Brun noir

En dehors de cette zonation simple, on a des zonations en sablier. Ce type de mâcle est trouvé uniquement dans les micas à cœur brun-rouge.

4.5. AMPHIBOLE

Elle est en faible quantité, 0.45% de la roche. C'est une amphibole vert-foncé, automorphe, en section basale relativement fraîche, fibreuse, décolorée et défoliée dans la pâte, pour les sections allongées.

Comme dans le cas des Cpx, lorsqu'elle est associée aux paléo-olivines, on la trouve tronquée.

Les plus grands individus montrent une zonation colorée allant d'un cœur brun vers une bordure verte. Une modification chimique accompagne cette variation de coloration.

4.6. APATITE

En faible quantité, de petite taille et dans la majorité des cas avec un habitus aciculaire.

4.7. PLAGIOCLASE

L'importance du minéral blanc dans l'aspect macroscopique est corroborés par le comptage modal avec 33-21% de la roche.

On peut voir que dans l'évolution des kersantites, c'est la minéral qui augmente la plus, avec moins de 20 % de plagioclase à Kersanton et ici plus de 33 %.

Contrairement aux premiers Faciès étudiés, les plagioclases sont ici souvent automorphes, ou tout du moins ont tendance à cristalliser en individus englobant les minéraux tels que les phlogopites et les Cpx. Ils montrent une zonation nette d'un plagioclase calcique à un plagioclase dont la teneur en albite est plus élevée.

Les cœurs calciques sont la plupart du temps séricitisé, et les individus montrant des macles polysynthétiques sont courants.

La matrice de la roche constituée en partie par un assemblage de phénocristaux de plagioclase, donne un aspect doléritique.

Dans les interstices laissés par les individus de plagioclase, vont s'accumuler les différentes phases minérales déjà cristallisées et qui seront cimentées par le quartz et les minéraux hydrothermaux, la Chlorite et la carbonate.

4.8. CHLORITE

La chlorite se trouve dans la pâte et correspond à une phase terminale hydrothermale. On observe le plus couramment 2 associations, quartz-chlorite et quartz-carbonate dans des géodes mais très rarement chlorite-carbonate comme c'était le cas à Kersanton.

On trouve la chlorite en grandes plages poecilithiques englobant les ferro-magnésiens et les plagioclases.


4.9. MICRO-PEGMATITE ET QUARTZ

Dans cette lame comme dans le Faciès de Rosmellec et en opposition à Kersanton, la micropegmatite est présente. L'analyse à la microsonde a montré que la plagioclase de la micropegmatite est de l'albite pure. Cette composition, très différente des bordures des phénocristaux de plagioclase concorde avec l'observation pétrographique. En effet, la contact plagioclase-micropegmatite est net, il n'y a pas de continuité minéralogique entre les deux phases. Il n'W a pas de solution solide entre la plagioclase et la micropegmatite.

Le quartz peut-être trouvé dans les géodes déjà décrites précédemment ou dans la pâte, en individus isolés entre les plagioclases.

4.10. CARBONATES

Peu de carbonates en rapport avec ce que l'on trouvait àKersanton. De petites plages de calcite remplissent les géodes. La dolomie est le carbonate interfoliaire dans les phlogopites. Il n'W a pas de carbonate dans les olivines.

4.11. SULFURES

Très peu de sulfures dans cette roche.

4.12. TALC

La talc se trouve au centre des anciens cristaux d'olivines, monocristallin.

C'est dans ce faciès de kersantite que l'on peut le mieux observer la chronologie de remplacement de l'olivine par la talc (cf. schémas)

Trois phases sont visibles, la première s'est développée sur les bords intérieurs de l'olivine au contact des Cpx, amphiboles et micas, on est en présence d'une croissance épitaxique au contact d'un réseau cristallin Ferro-magnésien.

Puis une autre phase a cristallisé tout autour de l'olivine, en cristaux plus petits. Cette croissance s'est faite de l'extérieur vers l'intérieur puisque les oxydes sont repoussés vers le centre par cette couronne.
La dernière enfin commence par une micro-cristallisation sur les bords qui n'exclut pas de mélange avec une ou plusieurs autres phases, en finissant au centre par un individu parfaitement cristallisé et homogène.

4.13. ORDRE DE CRISTALLISATION

Le schéma de cristallisation de A2 est plus complexe que les précédents, non seulement par la présence de ferro-magnésiens anhydres supplémentaires, mais aussi par l'intégratin de différentes générations de phyllites et de carbonates, ainsi que de la micro-pegmatite.